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Variations et pérennité des oeuvres contemporaines ?

Les auteurs de cet ouvrage ont un objet commun d'étude, les réexpositions d'œuvres contemporaines ayant entraîné des variations de leurs composantes. Celles-ci ne présentent pas les caractéristiques de l'œuvre traditionnelle, mais sont composées d'éléments devant être configurés ou réinstallés à chaque présentation. Les auteurs ont tous été attentifs à constituer les différents états de ces œuvres construisant leur identité au cours de leur carrière sociale marquée, entre autres, par leurs expositions. Ils ont aussi examiné l'effet de ces variations sur les conventions culturelles définissant l'œuvre d'art et le cadre d'exercice de la pratique de l'artiste et de celle des professionnels des instances de diffusion avec qui l'artiste a collaboré. Leurs analyses font ainsi valoir que les contextes de la production et de la diffusion ne sont pas des domaines étanches, mais qu'il existe une relation de continuité entre ces moments de la temporalité d'une œuvre d'art.

Véronique Rodriguez souligne que la conception de cette relation est au cœur de la conception du processus de création d'artistes ayant opéré le déplacement de l'atelier vers les lieux de diffusion. En analysant les stratégies d'exposition de la performance Vexations de Rober Racine, Anne Bénichou démontre qu'elles ont réalisé un glissement du caractère performatif de Vexations à une œuvre sonore et visuelle constituée d'artefacts provenant de la performance et des documents de sa saisie vidéo. Ariane Noël de Tilly s'intéresse au phénomène de la fragmentation de Day is Done de Mike Kelley, résultant de la circulation de ses composantes sur le marché de l'art en tant qu'œuvres autonomes. En examinant divers cas de variations d'œuvres de collections muséales, Francine Couture, pour sa part, procède à l'étude des protocoles de leur exposition afin d'évaluer s'ils ont établi de nouvelles articulations des critères d'attestation de l'authenticité de l'œuvre d'art. Richard Gagnier fait ressortir que la pratique traditionnelle de la restauration doit renouveler ses stratégies afin d'intégrer la variabilité des matériaux d'œuvres contemporaines et assurer leur intégrité conceptuelle et esthétique. Justine Lebeau, finalement, présente la complexité du travail de documentation des variations étudiées et recommande de conjuguer les informations obtenues lors de la consultation de réseaux sociaux avec les autres ressources validées par la communauté scientifique du monde de l'art.

La collection Cahiers de l'Institut du patrimoine de l'UQAM
Collection dirigée par Joanne Burgess

Dans le monde entier, le patrimoine, les constructions et les représentations patrimoniales occupent aujourd’hui une place de choix dans la recherche universitaire.

Les Cahiers de l’Institut du patrimoine de l’UQAM font écho, depuis Montréal, aux questionnements et aux explorations que ce vaste domaine soulève, dans le but de mieux comprendre les mécanismes qui engendrent les ancrages identitaires et qui pavent la voie aux constructions mémorielles.

Études et analyses sur les objets, les traces, les usages, les savoir-faire, mais aussi sur les représentations et sur les mémoires concourent ici à une définition élargie de la notion de patrimoine qui échappe aux cloisonnements disciplinaires; le patrimoine apparaît ici comme outil sociétal de projection dans l’avenir plutôt que comme l’encensoir d’un passé glorifié.

L’Institut du patrimoine de l’UQAM offre cette collection aux recherches de la relève, autant celle qui évolue dans ses murs que celles qui, ailleurs dans le monde, se consacrent à cette réinvention du patrimoine. Au fil des projets et des propositions, les titres des Cahiers baliseront les travaux en cours et un réseau d’échanges et de collaborations, anciennes ou nouvelles.

La coordonnatrice

Francine Couture est professeure associée au Département d'histoire de l'art de l'Université du Québec à Montréal. Ses publications et ses travaux de recherche se situent au croisement de la sociologie de l'art et de l'histoire de l'art. Ils portent sur le contexte institutionnel et social de l'art contemporain. Elle a dirigé les travaux du projet de recherche intitulé Réexposition, réactualisation et pérennité des œuvres contemporaines.

Les auteurs

Véronique Rodriguez est professeure d'histoire de l'art au Département de cinéma et histoire de l'art au collège Ahuntsic à Montréal. Ses recherches portent principalement sur la sculpture et l'installation, ainsi que sur les pratiques d'atelier et d'exposition de l'art contemporain.

Anne Bénichou est professeure d'histoire et de théorie de l'art à l'École des arts visuels et médiatiques de l'Université du Québec à Montréal. Ses recherches portent sur les archives, les formes mémorielles et les récits historiques issus des pratiques artistiques contemporaines et des institutions chargées de les préserver et de les diffuser. Elle a mené une étude sur les œuvres en forme de collections, d'archives et de musées fictifs et travaille maintenant sur la mémoire et la transmission des œuvres éphémères. Elle a dirigé l'ouvrage collectif Ouvrir le document. Enjeux et pratiques de la documentation dans les arts visuels contemporains (Presses du réel, 2010) et le dossier «Documents de performance» (Ciel variable, 2010); elle a fait paraître Muntadas. Between the Frames: the Forum (Musée d'Art Contemporain de Barcelone, 2011).

Ariane Noël de Tilly est chercheure postdoctorale et chargée de cours à l'University of British Columbia. Elle détient un doctorat en histoire de l'art de l'Université d'Amsterdam. Ses recherches portent sur l'exposition, la distribution et la préservation de l'art contemporain ainsi que sur l'histoire des expositions.

Francine Couture est professeure associée au Département d'histoire de l'art de l'Université du Québec à Montréal. Ses publications et ses travaux de recherche se situent au croisement de la sociologie de l'art et de l'histoire de l'art. Ils portent sur le contexte institutionnel et social de l'art contemporain. Elle a dirigé les travaux du projet de recherche intitulé Réexposition, réactualisation et pérennité des œuvres contemporaines.

Richard Gagnier est chef du Service de la restauration au Musée des beaux-arts de Montréal depuis l'automne 2007. Il a occupé le poste d'assistant-restaurateur et de restaurateur de l'art contemporain au Laboratoire de restauration et de conservation du Musée des beaux-arts du Canada de 1984 à 2007, où il a développé cette spécialité tant avec la peinture, la sculpture, l'installation que les œuvres à contenu médiatique. À titre de chercheur, il a participé aux travaux de l'alliance de recherche DOCAM (documentation et préservation des œuvres du patrimoine médiatique canadien) dirigé par la Fondation Daniel Langlois (2005-2010), de même qu'il a été membre du groupe de recherche dirigé par Francine Couture (histoire de l'art, UQAM) sur la réexposition de l'art contemporain.

Justine Lebeau est assistante de recherche au Département de conservation du Musée des beaux-arts de Montréal. Elle travaille actuellement sur une exposition des artistes du Groupe de Beaver Hall et la peinture montréalaise des années 1920. Son mémoire de maîtrise (Université du Québec à Montréal, 2010) porte sur La réactualisation des collections fermées, trois études de cas. Les collections du Isabella Stewart Gardner Museum, de Kettle's Yard et de la New Art Gallery Walsall.

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