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Les citoyens dans la lutte aux microplastiques

16.10.19

Un article d’Audrey-Maude Vézina


Contribuer à la science durant une promenade en canot, c’est pour bientôt. L’initiative de science participative de la start-up Poly-Mer permettra aux petits et grands de parcourir les berges du Saint-Laurent tout en l’échantillonnant. L’objectif : connaître la concentration en microplastiques de notre fleuve. 

Ces particules plus petites que 5 mm inquiètent. En effet, les microplastiques, souvent invisibles à l’œil nu, contaminent les cours d’eau. Ils s’accumulent aussi dans les espèces marines, traversant la chaîne alimentaire. La Fondation Ellen MacArthur signale qu’il y aurait plus de plastiques que de poissons dans l’océan d’ici 2050 si la situation ne change pas. 

Pallier le manque de données

Pour agir contre la pollution des plastiques, il faut connaître l’ampleur du problème. Malheureusement, les données concernant la concentration de ces mini fléaux sont limitées. « On a quelques tracés au niveau des Grands Lacs et des océans. Par contre, on a très peu de connaissances pour les eaux douces comme les rivières et les lacs, alors que c’est là où il y a de l’activité  », souligne Alexis Eisenberg, fondateur et directeur général de Poly-Mer. Or, les méthodes classiques d’échantillonnage impliquent des équipes de scientifiques et coûtent cher. Comment obtenir des données sans se ruiner? Grâce à la participation citoyenne!

Les fervents de science et de nature pourront se procurer les échantillonneurs dans différents centres nautiques du Québec. Large d’environ 3 pieds, l’appareil sur flotteur sera attaché derrière l’embarcation. Tout au long de la balade, l’instrument amassera des microplastiques dans une « chaussette » en filet de 300 microns. L’eau et les morceaux plus petits traverseront le filtre, capturant seulement les plastiques plus grands qu’une mine de crayon. De retour au centre nautique, les utilisateurs y laisseront l’appareil et la chaussette contenant les microplastiques. À intervalle régulier, le groupe Poly-Mer récupérera les échantillons pour les faire analyser en laboratoire. Chaque utilisateur recevra ensuite les résultats de son échantillonnage afin de valoriser la participation. 

Vers des actions éclairées

L’ensemble de ces portraits locaux fournit une vision globale de la concentration de microplastiques dans le fleuve. Mais seules, ces données n’informent pas sur la dynamique de la pollution. « Aborder le problème en une dimension ne permet pas d’avoir une réelle réflexion sur l’enjeu des microplastiques. Il faut mettre les données en relation avec les courants, les infrastructures d’épuration et d’eau potable, et les stations de traitements qui rejettent directement à l’aqueduc. Avec plusieurs niveaux d’information, on a une meilleure idée des sources de pollution afin de savoir où on devrait agir en priorité », soutient l’océanographe de formation. 

Toutes les informations amassées par la start-up seront partagées. « Le projet Poly-Mer a une base de données et fait participer les citoyens. Ça, c’est le moyen. Mais l’objectif à la fin, c’est de réaliser une action concrète pour éviter la pollution des eaux par les microplastiques. »

Dans cette optique, Poly-Mer prévoit un déploiement des échantillonneurs en 2020 à travers le Québec. « Les participants commenceront à bâtir la première base de données à une échelle aussi importante », se réjouit Alexis Eisenberg. L’été prochain, allez faire un tour sur l’eau pour le plaisir et pour la science!


Audrey-Maude Vézina est détentrice d’un baccalauréat en physique de l’Université Laval. Elle avait « plus envie de parler de recherche que de la faire », alors elle s’est réorientée en journalisme scientifique. Elle est lauréate de la bourse Fernand-Séguin 2018. Elle a contribué au site web du magazine parisien La Recherche. Ses thèmes de prédilection sont l’environnement et la biodiversité. 

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