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L'Œuvre du Grand Lièvre filou

Chroniques

Le regard de l’anthropologue est plus que jamais nécessaire pour redonner du sens à un monde qui s’étourdit de jour en jour. C’est ce que nous offre Serge Bouchard en nous invitant à monter dans son camion et à rouler, avec lui, plusieurs milliers de kilomètres en Boréalie et dans toute l’Amérique. Il nous conduit là où l’histoire, petite ou glorieuse, est passée… Athabasca, Bon-Désir, Pointe-aux-Trembles, Ouisconsin, Gogama, Saguena, Gespeg, Chibougamau ou Caniapiskau. Cet antirécit de voyage nous révèle des pays métissés, autochtones et français, ceux de Jean-Baptiste Laboucane, Anadabidjou, Lucille Marie Raymonde Savoie, Sarah Petit Couteau, Joseph Robidoux, Black Hawk ou Ochaga.

L’Oeuvre du Grand Lièvre Filou rassemble les chroniques que Serge Bouchard a tenues dans le magazine Québec Science entre 2009 et 2018. Observateur hors pair, il a su y partager son admiration pour les belles inventions de même que son indignation devant la bêtise humaine, la chimie pétrolière qui intoxique la planète ou l’architecture qui enlaidit les villes et les campagnes.

Lire Serge Bouchard fait du bien. Il nous permet, à travers ses réflexions et sa démarche scientifique toute personnelle, de mieux nous ancrer dans la vie.

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Extrait

Bien sûr, je suis un anthropologue et je rêve. Je suis fatigué de me faire répéter ad infinitem que nos aïeux étaient des catholiques à la limite de l’autisme, des colons misérables qui défrichaient des petites vallées de roches et de larmes. En voyant un B12, j’aperçois les éléments fondateurs d’un grand récit qui est le contraire des séraphinades de monsieur Grignon. À l’envers de l’enfermement paroissial, voilà l’ouverture et les « découvertures » comme le disaient les anciens Français. L’histoire commence avec la raquette des Amérindiens que les coureurs de bois ont adoptée, elle se poursuit avec l’exploration des grands espaces nord-américains. Viennent ensuite les luttes épiques contre l’hiver, contre la contrariété des blizzards et pour nos déplacements dans les tempêtes. Nos ancêtres furent de grands aventuriers, mais ils furent prudents, hautement inventifs, créatifs et débrouillards. Disons qu’ils étaient ingénieux.