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L’agriculture urbaine influencera-t-elle l’urbanisme?

28.03.19

Un billet de Bertrand Dumont, auteur de la nouveauté Le potager en pot.


Depuis quelques décennies, pas à pas, chaque année un peu plus, l’agriculture urbaine colonise les villes du Québec. Sur le territoire résidentiel, on peut voir de plus en plus de potagers sur les façades des résidences ou des balcons de plantes comestibles. Sur le territoire municipal, on découvre maintenant des jardins potagers collectifs dans les parcs, des platebandes comestibles en cueillette libre ou encore des parcs aménagés avec des arbres fruitiers.

Apparaissent aussi des aménagements moins traditionnels comme des conteneurs maritimes recyclés où on pratique la culture hydroponique (voire aquaponique). Ou encore, les exploitations agricoles sur de très petites surfaces, ou SPIN (Small Plot Intensive Farm), où le propriétaire d’une résidence unifamiliale transforme son terrain afin d’y cultiver des légumes qu’il souhaite vendre.

Une transformation de la trame urbanistique 

L’intérêt croissant des citoyens pour l’agriculture urbaine est, à n’en pas douter, une source de modifications de l’aspect des villes dans le futur. Si, il faut l’espérer, on y trouvera plus d’arbres qu’aujourd’hui, les aménagements floraux devraient laisser la place à des aménagements de plantes comestibles. L’aspect des villes comme on les connaît depuis une soixante d’années devrait donc être bien différent. Les hectares de gazon devraient laisser la place à des cultures beaucoup plus utiles et surtout indispensables.

Des impacts sur le zonage

L’aménagement spatial des villes repose sur un zonage défini par le plan d’urbanisation. À l’heure actuelle, la vaste majorité de ces plans ne prennent pas en compte les nouvelles attentes des citoyens vis-à-vis de l’agriculture urbaine. Là, les potagers en façade sont interdits. Ici, l’élevage des poules n’est pas autorisé. Là encore, il n’est pas clair si une entreprise peut créer un potager collectif pour ses employés sur son terrain.

Dans les années à venir, il faudra donc, zone par zone, établir les aménagements ou les activités qui sont autorisés ou pas. De la zone résidentielle à la zone industrielle en passant par la zone municipale, d’affaires, commerciale, etc. aucune ne devrait être négligée. Même les zones agricoles, dans les municipalités où elles sont présentes, devraient faire l’objet d’attention de la part de l’administration municipale.

Il faudra aussi baliser les activités. Exemple, en définissant les secteurs où les poules sont autorisées, les superficies minimums dans lesquelles elles peuvent vivre, le nombre de poules par type de zone, etc.

Une métamorphose inévitable

Selon moi, il ne fait aucun doute que l’agriculture urbaine influencera l’urbanisme au cours des prochaines années. Comme cela s’est fait au cours des siècles, les villes vont évoluer. Par exemple, aux 17e et 18e siècles, les sources d’approvisionnement en nourriture (les champs et les pâturages) étaient, le plus souvent, situées à moins de deux heures en charrette des utilisateurs. L’organisation des villes était donc fort différente.

Avec l’arrivée du changement climatique, la nécessaire transition énergétique, l’indispensable remise en cause de l’étalement urbain, l’intégration de l’agriculture urbaine à la trame urbanistique représente une voie d’avenir.


Bertrand Dumont est horticulteur, auteur et conférencier. On peut lire d’autres articles sur son blogue : Horticulture urbaine sur horti-media.com.

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